OrTra/OM. L’idée que la formation professionnelle en Suisse a besoin d’une stratégie solide pour 2030 est née lors des Journées des partenaires de la formation professionnelle de mars 2016: c’était à la suite d’un rapport de la Commission de gestion du Conseil national invitant le Conseil fédéral à poser les bases d’une telle stratégie, en coopération avec les cantons et les organisations du monde du travail (OrTra). Le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) a chargé la société Ecoplan SA d’accompagner le processus « Formation professionnelle 2030 – vision et lignes directrices de la stratégie ». L’élaboration du contenu de la vision et des lignes directrices de la stratégie de formation professionnelle 2030 est assurée par les partenaires.

Processus
Le processus « Formation professionnelle 2030 – vision et lignes directrices de la stratégie » s’articule en 5 phases:
Phase 1: collecter des informations et des prises de position
(septembre – octobre 2016)
Sur la base d’entretiens et de l’analyse d’ouvrages spécialisés, un état des lieux est réalisé sur les mégatendances : points forts, lacunes, chances et dangers pour la formation professionnelle.
Phase 2: analyser (novembre 2016)
Un atelier réunissant des experts analysera les points forts, les lacunes, les chances et dangers pour la formation professionnelle.
Phase 3: positionner (décembre 2016 – février 2017)
Dans un autre atelier d’experts et sur la base de cette analyse, les possibilités d’action seront élaborées.
Phase 4: structurer (mars 2017)
Au cours des Journées des partenaires de la formation professionnelle, la vision et les lignes directrices de la stratégie seront esquissées sur les bases déjà élaborées.
Phase 5: documenter (avril 2017)
Les résultats du processus seront exploités et documentés afin que les partenaires de la formation professionnelle puissent les utiliser dans des travaux ultérieurs.

Vue d’ensemble des mégatendances – formation professionnelle 2030
Les mégatendances sont des tendances évolutives à long terme. Elles forment et marquent aussi bien la société que l’économie.

a) Globalisation
La formation professionnelle a lieu de plus en plus dans des entreprises internationales et dans des entreprises avec des cadres et de la main-d’œuvre étrangers qui ne connaissent pas le système de formation suisse.
Les entreprises formatrices sont de plus en plus confrontées à la pression de la concurrence internationale.
Les entreprises formatrices, PME incluses, sont toujours plus en contact avec l’environnement international. La collaboration avec des sites, des entreprises partenaires, des clients et des fournisseurs étrangers est en croissance constante.
Il sera de plus en plus facile de délocaliser dans des pays meilleur marché des activités qui n’exigent pas de main-d’œuvre qualifiée.
Les diplômes de la formation professionnelle suisse seront davantage comparés aux standards internationaux de formation.

b) Numérisation
Le paysage suisse de la formation va évoluer avec la numérisation, de nouveaux métiers vont voir le jour et d’autres vont disparaître.
Les tâches d’un même métier vont changer ou seront adaptées aux nouvelles technologies. Les contenus de formation seront redéfinis.
Dans la formation, la numérisation ouvre de nouvelles perspectives pour la transmission des savoirs, mais exige aussi le développement de nouvelles méthodes pédagogiques.
Grâce à l’évolution technologique, le savoir sera facilement à la portée de tous. Le savoir peut se « consommer » par de multiples canaux. Le savoir acquis par l’expérience perd en importance. À cela s’ajoute que la technologie n’a plus de secret pour les apprentis aujourd’hui. De ce fait, les exigences envers les formateurs dans les écoles et les entreprises croissent aussi.
 

c) Désindustrialisation et spécialisation de l’industrie
La formation professionnelle est confrontée à une augmentation importante de demandes en main-d’œuvre dans le secteur des prestations de service. L’industrie compte de plus en plus d’emplois dans la haute technologie et l’innovation.
L’orientation vers des prestations de services gagne aussi en importance dans l’artisanat classique et les métiers de l’industrie.

d) Upskilling
Les exigences croissantes de l’économie envers la main-d’œuvre se reflètent dans les exigences imposées aux apprentis.
La formation professionnelle supérieure prendra une place de plus en plus importante dans le développement professionnel personnel.
La hausse des exigences renforce la concurrence avec les gymnases pour des élèves aux aptitudes scolaires de haut niveau et, en parallèle, le nombre de personnes qui ne peuvent faire face à de telles exigences est en augmentation.
L’attractivité du champ professionnel déterminée par les possibilités de développement professionnel est de plus en plus importante pour trouver du personnel qualifié.

e) Mutation démographique
La formation professionnelle gagnera en importance dans le recrutement de main-d’œuvre qualifiée.
La valorisation de la formation professionnelle va augmenter si le potentiel de main-d’œuvre spécialisée disponible, en particulier chez les adultes, est pleinement exploité.

f) Migration
Les apprentis potentiels seront surtout de nationalité étrangère. Ils ne connaîtront donc pas le système suisse de formation et ne pourront estimer à sa juste valeur la position sociale de la formation professionnelle en Suisse.
Il y aura davantage de jeunes « arrivés tardivement », avec une formation scolaire lacunaire et peu de connaissances linguistiques.
La formation professionnelle sera de plus en plus mise en valeur quand il s’agira d’intégrer sur le marché du travail un nombre croissant d’immigrés adultes sans formation post-obligatoire.

g) Conflit des générations
La formation professionnelle doit pouvoir s’adapter aux besoins des nouvelles générations en matière de méthodes pédagogiques et de comportement individuel.
À l’avenir, la qualité de la formation professionnelle et les possibilités correspondantes joueront un rôle prépondérant dans l’orientation professionnelle.
La formation professionnelle sera de plus en plus confrontée aux nouveaux modes de vie : modèles de famille et rôles imposés aux genres ou encore modèles travail-loisirs.

h) Pénurie de ressources de l’État
Les moyens financiers se raréfient pour la formation professionnelle.

i) Mobilité et flexibilité croissantes dans les relations de travail
Conséquences pour la formation professionnelle :
En raison de l’intérêt croissant à apprendre tout au long de la vie, les groupes cibles de la formation professionnelle atteignent de nouvelles tranches d’âge.
La formation professionnelle se fera davantage au sein de l’entreprise, qui est elle-même en mutation constante et dont le personnel fluctue fortement.
Les travaux reposant sur des projets compliquent la formation classique des apprentis. De nouvelles formes de formation comme des solutions interentreprises tendent à s’imposer.